Présentation de mon livre "Sport, société et compétition"

Voyez-vous même à travers ces quelques lignes un exemple d'analyse critique à la page 237

[…], la pratique du sport dans les pays totalitaires a permis à terme le renforcement de l’unité sociale (comparaison, cohésion, émotivité) et la transmission des valeurs d’appartenance à la nation et à l’idéologie. Selon les propos de Wolf-Fédida et Radtchenko-Draillard (2018), la première raison de la propagande sportive dans les pays totalitaires à l’époque (Allemagne, Italie et URSS) était liée au renforcement de la comparaison sociale. Comme l'a souligné Festinger (1971), les individus ont tendance à évaluer leurs opinions et leurs capacités en les comparant à celles des autres, cette tendance diminuant à mesure que les différences entre-soi et les autres augmentent, que ce soit au niveau des opinions ou des aptitudes. S’il seyait de faire un parallèle avec notre pays Guadeloupe, nos élites sportives offriraient des réponses aux pertes de repères et aux volontés d’exister au sein d’un monde où le concept de puissance régit encore les relations internationales. C'est la raison pour laquelle le sport peut s'avérer extrêmement utile s'il est utilisé de manière avisée, en le considérant comme un élément fondamental et probant pour la valorisation du peuple, sans toutefois le considérer comme une solution miracle. Nous constatons notamment comment le système jamaïcain accorde une place exceptionnelle à ses élites sportives, leur assurant une visibilité accrue sur les plans national et international. En vérité révélée, au-delà des aspects émotionnels, hédonistes et aspirationnels, le sport à l’île caribéenne de la Jamaïque revêt également une dimension géopolitique, en particulier l’athlétisme. Cependant, plutôt que de se concentrer sur les rivalités de pouvoir et les enjeux territoriaux liés à la reproduction des élites sportives, nous allons tenter d’identifier les facteurs de différenciation les mieux adaptés à notre territoire afin de nous engager dans une logique de construction de marques…

À en croire les nombreux discours les plus pessimistes, notre société guadeloupéenne fait aujourd’hui face à une profonde crise des valeurs. En effet, la solidarité serait corrodée par la montée en puissance de l’égoïsme social, notamment parmi les jeunes générations… À dire vrai, cette crise des valeurs tiendrait aux transformations de notre société vers trop d’individualisme, trop de laxisme à l’égard des principes et un affaiblissement des institutions assurant le contrôle social. Pour preuve, ces dernières années, les thèses se sont multipliées et diagnostiquent une faillite de la confiance, un épuisement de la solidarité ou une fracture sociale grandissante du fait d’un chômage endémique qui frappe de plus en plus nos jeunes diplômés ou non. Il est vrai aussi que le sport peut jouer un rôle social et économique à condition que ses valeurs intrinsèques ne soient pas détournées ou perverties. Ainsi, il peut jouer un véritable rôle éducatif et favoriser le lien social en contribuant à rassembler autour des valeurs de la République. Par ailleurs, avec les grands événements sportifs, il y a aujourd’hui autant de concurrence pour obtenir l’organisation d’une grande compétition que pour remporter un grand contrat économique. Par conséquent, les retombées pour la ville ou le pays qui accueille ces événements peuvent être conséquentes, et elles concernent autant le domaine économique, social, politique que l’image de ladite nation auprès de l’opinion internationale...

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